Le voile se lève peu à peu sur l'identité de l'auteur présumé de la fusillade survenue dimanche dans un temple sikh d'Oak Creek, dans l'État du Wisconsin. Les autorités américaines ont indiqué lundi que l'homme était un soldat lié à des groupuscules prônant la suprématie de la race blanche sur les autres peuples.
« Il n'y avait aucune enquête en cours sur lui avant les faits survenus hier [dimanche] », a déclaré l'agent Teresa Carlson, qui dirige le bureau du FBI à Milwaukee, lors d'une conférence de presse organisée au lendemain de la fusillade.
« Nous étudions ses liens avec les groupes prônant la suprématie de la race blanche », a indiqué l'agent Carlson.
Un peu plus tôt, le Pentagone avait révélé ses états de service. Engagé dans l'armée américaine de 1992 à 1998, Wade Michael Page était alors un spécialiste de la guerre psychologique et n'a jamais été déployé dans des opérations extérieures.
Page avait été renvoyé à la vie civile en 1998 pour « mauvaise conduite », affirment des sources militaires. En juin 1998, il était subi des mesures disciplinaires pour état d'ébriété. Dégradé du rang de sergent, il n'avait ensuite plus la possibilité de s'engager.
Dimanche, Wade Micheal Page, 40 ans, a tué six personnes en pleine cérémonie dans un temple sikh d'Oak Creek, dans la banlieue de Milwaukee. Le tireur présumé a ensuite été abattu par la police. Les victimes sont des hommes âgés de 39 à 84 ans, ont précisé les autorités américaines.
Trois hommes, dont le premier policier arrivé sur les lieux, ont également été gravement blessés. Ils ont été transportés à l'hôpital et se trouvent dans un état critique.
En arrivant sur les lieux, l'agent de police « a vu une victime dans le stationnement et est sorti de son véhicule pour lui porter secours », a indiqué John Edwards, le chef de la police d'Oak Creek. « À ce moment, il est tombé sur le suspect, qui lui avait tendu une embuscade à côté de sa voiture. Il a été touché par huit ou neuf balles tirées à proximité immédiate avec un pistolet », a précisé M. Edwards.
L'arme est un pistolet de calibre 9mm acheté légalement, ont précisé les autorités.
« Ces événements terribles et tragiques arrivent trop fréquemment », a déclaré M. Obama dans le Bureau ovale. Ces tragédies ne laissent pas suffisamment de temps pour entreprendre un « examen de conscience » qui permettrait de trouver « d'autres moyens pour réduire la violence », a ajouté le président américain.
Plus tôt lundi, la Maison-Blanche a indiqué que l'administration américaine ne prendrait pas de nouvelles mesures pour le contrôle des armes.
Le porte-parole de Barack Obama, Jay Carney, a rappelé la position du président en la matière. Il veut s'assurer que ceux qui ne sont pas autorisés à porter des armes ne puissent pas s'en procurer, et garantir aux autres Américains le droit inscrit dans la constitution à posséder des armes.
Drapeau nazi et dessins d'aigle
Lundi, le Southern Poverty Law Center (SPLC), un institut américain de lutte contre la haine raciale, a indiqué que Page était un « néonazi exaspéré qui avait dirigé un groupe de musique raciste exaltant le pouvoir blanc ».
Le tueur présumé avait fondé en 2005 un groupe de métal nommé End Apathy [En finir avec l'apathie] avec lequel il se produisait dans les festivals. Depuis 2000, il faisait partie de la scène musicale exaltant la suprématie blanche.
Le site du SPLC a publié sur son site internet une photo de Page en concert. L'homme apparaît crâne rasé et tee-shirt sans manches découvrant de nombreux tatouages gothiques, avec des croix celtiques.
Le groupe avait également une page sur Myspace.com. Dees photos montrent ses trois membres, tous abondamment tatoués et jouant quelquefois sous un drapeau visible seulement en partie, mais ressemblant à un drapeau nazi ou portant des dessins d'aigle et de croix celtiques.
Page avait également joué dans le groupe Definite Hate [Haine Définitive], dont une couverture d'album montre un bras blanc frappant un visage noir et les initiales HFFH (Hammerskins Forever, Forever Hammerskins). Hammerskins est une organisation qui a « un temps dominé le mouvement skinhead raciste aux États-Unis », explique le SPLC.
Cette nouvelle fusillade survient quinze jours à peine après celle, le 20 juillet, commise dans un cinéma d'Aurora, dans le Colorado. James Holmes, 24 ans, avait tué 12 personnes et blessé 58 autres.